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Chapitre IV

Le patriarche de Venise me donne les ordres mineurs. Ma connoissance avec le sénateur Malipiero, avec Thérèse Imer, avec la nièce du curé, avec Madame Orio, avec Nanette, et Marton, avec la Cavamacchie. Je deviens predicateur. Mon aventure à Pasean avec Lucie. Rendez vous au troisieme etage.

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Il vient de Padoue, où il a fait ses etudes étoit la formule avec la quelle on m’annonçoit par tout, et qui à peine prononcée m’attiroit la taciturne observation de mes egaux en condition, et en age, les complimens des peres de famille, et les caresses des vieilles femmes, dont plusieurs qui n’étoient pas vieilles vouloient passer pour telles pour pouvoir deçament m’embrasser. Le curé de S.t Samuel nommé Tosello après m’avoir installé à son eglise me presenta à monseigneur Correr patriarche de Venise, qui m’a tonsuré, et quatre mois après par grace speciale il m’a conferé les quatre ordres mineurs. La consolation de ma grand-mere etoit extrême. On me trouva d’abord des bons maitres pour poursuivre mes études, et M. Baffo a choisi l’abbé Schiavo pour m’apprendre à écrire purement en italien, et sur tout la langue de la poésie pour la quelle j’avois un penchant decidé. Je me suis trouvé parfaitement bien logé avec mon frere François qu’on avoit mis à etudier l’architecture théatrale. Ma sœur, et mon frere le posthume demeuroient avec ma grand-mere dans une autre maison à elle appartenante, et dans la quelle elle vouloit mourir parceque son mari y étoit mort. Celle que j’habitois etoit la meme où j’avois perdu mon pere, dont ma mere poursuivoit à payer le loyer : elle étoit