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fut epousée par M. Pierre Mocenigo, et l’autre par d’un noble de la famille Corraro, dont dans la suite le mariage fut declaré nul. Il m’arrivera de devoir parler de toutes ces personnes. Ottaviani nous mena d’abord à la maison où je devois rester en pension.

C’étoit à cinquante pas de chez lui à S.te Marie d’Avance, paroisse de S.t Michel chez une vieille esclavone qui louoit son premier étage à madame Mida femme d’un colonel esclavon. On lui ouvrit ma petite mâle, lui donnant l’inventaire de tout ce qu’elle contenoit. Après cela on lui compta six cequins pour six mois d’avance de ma pension. Elle devoit pour cette petite somme me nourrir, me tenir propre, et me faire instruire à l’école. On la laissa dire que ce n’étoit pas assez. On m’embrassa ; on m’ordonna d’être toujours obéissant à ses ordres, et on me laissa là. Ce fut ainsi qu’on se debarassa de moi.

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