L’exorciste de bout tira de sa poche son rituel, et l’étole qu’il mit sur son cou, et un reliquiaire qu’il plaça sur la poitrine de l’endormie. Puis avec l’air d’un saint il nous pria de nous mettre tous à genoux pour prier Dieu qu’il lui fasse connoitre si la patiente étoit obsedée, ou affectée de maladie naturelle. Il nous laissa là une demie heure toujours lisant à voix basse. Bettine etoit immobile ne bougeoit pas.
Las, je crois, de jouer ce role, il pria le docteur de l’écouter à l’écart. Ils entrerent dans la chambre, d’où ils sortirent un quart d’heure après, excités par un grand éclat de rire de la folle qui d’abord qu’elle les vit reparoître leur tourna le dos. Le pere Mancia fit un sourire, plongea, et replongea le goupillon l’asperges dans le benitier, nous arrosa genereusement tous, et partit.
Le docteur nous dit qu’il reviendroit le lendemain, et qu’il s’etoit engagé de la delivrer en trois heures si elle étoit possedée ; mais qu’il ne promettoit rien si elle étoit folle. La mere se dit sûre qu’il la delivreroit, et elle remercia Dieu de lui avoir fait la grace de voir un saint avant de mourir.
Rien n’étoit si joli que le désordre de Bettine le lendemain. Elle commença à tenir les propos les plus fous que poète pût inventer, et elle ne les interrompit pas à l’apparition du charmant exorciste, qui après en avoir joui un quart d’heure s’arma de toutes pieces, et nous pria de sortir. Il fut d’abord obéi. La porte resta ouverte ; mais c’est egal. Qui auroit osé y entrer ? Nous n’entendimes durant l’espace de trois heures que le plus morne silence. À midi il appela, et nous entrames. Bettine étoit là triste, et fort tranquille, tandis que le moine plioit bagage. Il partit en disant qu’il espéroit, et priant le docteur de lui en donner des nouvelles. Bettine dina dans son lit, soupa à table, fut sage le lendemain,