Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mêle : je réponds qu’une fois qu’on admet Dieu, Dieu doit ſe mêler de tout. Ceux qui ont une religion ont bien des reſſources que les incrédules n’ont pas : les premiers y entendent peu, mais les derniers n’y comprennent abſolument rien. Pourſuivons.

Le vingt-cinq du mois de Juin, jour de la fête que la ſeule république de Veniſe célébre en mémoire de la prodigieuſe apparition de l’évangeliſte S. Marc ſous la forme emblématique d’un lion ailé dans l’égliſe ducale vers la fin de l’onzième ſiècle, évenement qui démontra à la ſageſſe du ſénat qu’il étoit tems de remercier S.  Théodore, dont le crédit n’étoit pas aſſez fort pour la faire réuſſir dans ſes vues d’agrandiſſement, et de prendre pour ſon patron ce ſaint diſciple de S. Paul ou, ſelon Euſèbe, de S. Pierre, que Dieu lui envoyoit. Dans ce même jour trois heures après-midi, lorsque tout nu, et fondant en ſueur, étendu ſur mon ventre je travaillois dans le trou, où pour y voir j’avois ma lampe allumée, j’ai entendu avec un effroi mortel l’aigre craquement du verrou de la porte du premier corridor. Quel moment ! Je ſouffle ma lampe, je laiſſe dans le trou mon eſponton ; j’y jette dedans ma ſerviette ; je me lève ;