Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/117

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tout le monde, excepté lui, il ne put pas retenir ſes larmes, qui excitèrent les mienne : il finit de donner ſes ordres, et nous reſtâmes ſeuls.

La première choſe, que je lui ai dite, fut, qu’il me feroit le plus grand plaiſir, lorsque ſon lit arriveroit, en refuſant mon offre de déplacer le mien pour placer le ſien ; la ſeconde prière que je lui ai faite, fut de ne pas exiger qu’on balaye ; je lui ai promis de lui en dire les raiſons à loiſir. Je lui ai confié en attendant que la puanteur qu’il avoit ſentie venoit d’une lampe, que je poſſédois à l’inſu de tout le monde, et que j’avois ſoufflée ſans étouffer la fumée du lumignon, n’en ayant pas eu le tems à cauſe de ſon arrivée imprévue. Il me promit tout ce que je déſirois, et ſe dit heureux d’avoir été mis avec moi. Il me dit que tout le monde ignoroit mon crime, et que par conſéquent tout le monde vouloit le deviner.

Pluſieurs diſoient que je m’étois fait chef d’une nouvelle religion, et que les inquiſiteurs d’état ne m’avoient fait enfermer qu’à la réquiſition de l’inquiſition eccléſiaſtique. Autres diſoient que Madame L. M. fait perſuader par le ch. A. Moc. le tribunal à