Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/145

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dire que vous êtes le maître de diſpoſer de tous ſes livres, dont vous trouverez le cathalogue dans le doſſier, et nous vous recommandons les plus grandes précautions pour que Laurent ne parvienne jamais à découvrir notre correſpondence s’il vous plaira que nous l’entretenions. L’uniformité de notre idée de placer des billets dans le derrière des livres me parut ſingulière, et ſingulière la recommandation de précaution tandis que ſa petite lettre étoit entre une feuille et l’autre, où Laurent l’auroit d’abord trouvée, s’il eût ouvert le livre : il eſt vrai qu’il ne ſavoit pas lire ; mais naturellement il auroit gardé la lettre, et auroit été chercher quelqu’un qui lui en auroit déclaré le contenu, et notre correſpondence auroit fini en naiſſant. J’ai d’abord décidé que le père Balbi devoit être un perſonnage auquel je ne devois céder qu’à l’égard de ſa naiſſance, et à cauſe de ſon ſacré caractère.

J’ai trouvé le cathalogue, et j’ai d’abord amplement répondu à cette lettre ſur la moitié de la feuille du cathalogue. Je leur ai dit mon nom : je leur ai écrit l’hiſtoire de ma détention, et l’eſpoir que j’avois de ſortir bientôt, car je ne pouvois être là que pour des bagatelles : je ne leur ai rien dit de