Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/158

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Laurent ; mais je trouvois trop naturel qu’il déployât la péliſſe lui-même en entrant dans le galetas, comme pour la leur faire mieux regarder, d’autant plus que leur cachot n’étoit pas bien clair : le verrou ſeroit tombé ſur le plancher. J’ai cependant écrit au moine que j’adoptois ſon projet, et qu’il n’avoit qu’à me faire demander la péliſſe. Laurent le lendemain me pria d’excuſer la curioſité de la perſonne qui me prêtoit des livres, qui déſiroit de voir ma péliſſe. Je la lui ai donnée ſur le champ très-bien pliée en lui diſant de me la rapporter d’abord : mais j’eſpère que le lecteur ne penſera pas que j’aie été aſſez bête pour y mettre dedans le verrou : il me la rapporta deux minutes après en me remerciant. Je lui ai dans le même moment ordonné pour le jour de la ſaint Michel trois livres de macaroni dans une chaudière d’eau bouillante ſur un grand réchaud : je lui ai dit que je voulois en aſſaiſonner moi-même deux plats, un le plus grand qu’il eût dans ſa maiſon, dont je voulois régaler les dignes perſonnes qui me donnoient des livres, l’autre de moyenne grandeur pour moi : je lui ai dit que je voulois fondre le beurre moi-même, et y mettre le fromage parmeſan qu’il me