Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/164

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Son travail fut difficile dans la ſeule première nuit ; dans les ſuivantes plus il tiroit dehors des carreaux, plus il trouvoit de facilité en à extraire d’autres : il trouva à la fin de ſon travail qu’il avoit ôté du mur trente ſix briques. Le ſeize d’Octobre à dix-huit heures, dans le moment que je m’amuſois à traduire une ode d’Horace, j’ai entendu un trépignement ſur mon cachot, et d’abord trois petits coups de poignet : je me ſuis levé, et j’ai d’abord frappé au même endroit trois coups pareils : c’étoit le ſignal concerté pour nous rendre ſûrs que nous ne nous étions pas trompés. Une minute après j’ai entendu le commencement de ſon travail, et j’ai adreſſé à Dieu tous mes vœux pour ſon heureuſe réuſſite. Vers le ſoir il me ſalua en frappant trois autres coups que je lui ai rendus, et il ſe retira repaſſant le mur, et rentrant dans ſon cachot. Le lendemain de bonne heure j’ai reçu ſa lettre dans laquelle il me diſoit, que ſi mon toit n’étoit compoſé que de deux rangs de planches, il étoit ſûr d’être à la fin de ſon ouvrage en quatre jours, car la planche qu’il avoit percée n’avoit qu’un pouce d’épaiſſeur. Il m’aſſuroit qu’il feroit le petit canal en cercle comme je l’avois in-