Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/229

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vu qu’il y avoit moins de nœuds. J’ai eu dans le commencement quelque difficulté à entamer la planche à la fente que ſa connexion m’offroit ; mais en peu de minutes cela commença à bien aller. Je faiſois enfoncer par le moine l’outil à manche de bois dans les fentes que j’ouvrois avec mon eſponton, et puis en le pouſſant tant que je pouvois à droite, et à gauche, je rompois, je fendois, je crêvois le bois en mépriſant le bruit énorme que ce moyen de rompre faiſoit, et qui faiſoit trembler le moine, car on devoit l’entendre de loin. Je connoiſſois ce danger, mais je devois le braver. Le trou dans une demi heure fut aſſez grand, et tant mieux pour nous qu’il le fut aſſez, car je n’aurois pu le faire plus ample. Des nœuds à droite, à gauche, en haut, et en bas m’auroient rendu néceſſaire une ſcie. Le circuit de ce trou faiſoit peur, car il étoit tout hériſſé de pointes, et fait pour déchirer les habits, et lacérer la peau. Il étoit à la hauteur de cinq pieds : j’y ai mis un tabouret deſſous, ſur lequel le moine monta : il introduiſit dans l’ouverture ſes bras, et ſa tête ; et moi derrière lui ſur un autre tabouret, le prenant aux cuiſſes, puis aux jambes, je