Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/246

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il ſe ſeroit trouvé bien maſqué, et ſecondé par ſa phyſionomie tout le monde l’auroit pris pour un vrai payſan. Je l’ai donc prié de vouloir bien me quitter d’abord, et m’attendre à Borgo di Val Sugana, où il auroit pu ſe trouver le ſurlendemain, et où je le priois de m’attendre l’eſpace de vingt quatre heures. Je lui ai indiqué la première auberge que d’abord entré dans la ville il trouveroit à ſa main gauche. Je lui ai dit que j’avois beſoin de repos, et que je ne pouvois me le procurer qu’avec une entière tranquillité d’ame, et que d’abord que je me verrois ſeul, quoique ſans argent, j’étois ſûr que Dieu m’inſpireroit le vrai moyen de m’en procurer ſans m’expoſer au plus grand de tous les malheurs, qui étoit celui de me voir arrêté. Que nous devions d’ailleurs être ſûrs qu’à l’heure qu’il étoit tous les archers de l’état devoient avoir été avertis de notre fuite par des exprès, et avoir reçu ordre de nous chercher dans toutes les auberges, et que le premier des ſignalemens, qu’on devoit leur avoir envoyés devoit certainement être que nous étions deux, et que nous étions vêtus comme nous l’étions, dont lui ſans chapeau, et avec un manteau de bout de ſoye devenoit