Page:Casanova Histoire de ma fuite 1788.djvu/280

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l’influence n’ait point de limites, auroit eu l’air d’une récompenſe, et c’eût été trop. On m’a ſuppoſé tout le talent qu’un homme, qui veut ſe ſuffire, doit avoir, et cette opinion ne m’a pas déplu ; mais toutes les peines, que je me ſuis données pendant l’eſpace de neuf ans, furent vaines. Ou je ne ſuis pas fait pour Veniſe, me ſuis-je dit, ou Veniſe n’eſt pas faite pour moi, ou l’un et l’autre. Dans cette ambiguité un fort déſagrément eſt venu à mon ſecours, et m’a donné l’eſſor. Je me ſuis déterminé à quitter ma patrie, comme l’on quitte une maiſon qui plaît, mais où il faut ſouffrir un mauvais voiſin qui incommode, et qu’on ne peut pas faire déloger. Je ſuis à Dux, où pour être d’accord avec tous mes voiſins, il ſuffit que je ne raiſonne pas avec eux, et rien n’eſt plus facile que cela.

FIN.