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Page:Casgrain - Légendes canadiennes, 1861.djvu/255

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C’était l’heure solennelle de la nuit où tout repose dans la nature, et les bêtes carnassières revenues de leurs chasses nocturnes, et l’oiseau caché sous la feuillée, et l’homme fatigué des soucis et des travaux du jour.

Le torrent lointain même semble voiler ses sanglots, et, sous la brise expirante de la nuit, la forêt exhale à peine de son orgue immense un faible soupir.

Cependant la jeune femme, les yeux tournés vers la ville endormie, contemplait attentivement une lueur presqu’imperceptible et immobile sur la côte.

On eut dit qu’elle redoutait le moment où elle allait la voir disparaître entièrement, tant il y avait d’anxiété dans ses regards.

Ce n’était pas la lumière de la lanterne qui depuis longtemps avait disparu.