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Page:Castagnary - Exposition du boulevard des Capucines - Journal le Siècle, 1874-04-29.djvu/3

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Commençons par l’exposition du boulevard des Capucines.

Il y a quelques années, le bruit se répandit dans les ateliers qu’une nouvelle école de peinture venait de naître. Quel était son objet, sa méthode, son champ d’observation ? En quoi ses produits se distinguaient-ils de ceux des écoles précédentes, et quelle force apportait-elle à l’actif de l’art contemporain ? Il fut tout d’abord difficile de s’en rendre compte. Les membres du jury, avec leur intelligence accoutumée, prétendaient barrer le chemin aux nouveaux venus. Ils leur fermaient la porte du Salon, leur interdisaient l’entrée de la publicité, et, par toutes les sottes voix dont l’égoïsme, l’imbécillité ou l’envie disposent en ce monde, ils s’efforçaient de les livrer à la risée.

Persécutés, chassés, honnis, mis au ban de l’art officiel, les prétendus anarchistes se groupèrent. Durand-Ruel, que les préjugés administratifs ne troublent pas, mit une de ses salles à leur disposition, et, pour la première fois, le public put apprécier les tendances de ceux qu’on appelait, je ne sais pourquoi, les Japonais de la peinture. Depuis lors, le temps a marché. Forts d’un certain nombre d’adhésions nouvelles, encouragés par d’importants suffrages, les peintres dont nous parlons se sont constitués en société coopérative, ont loué l’ancien local de l’atelier Nadar, au boulevard des Capucines ; et c’est là, dans un domicile à eux et arrangé par leurs mains, qu’ils viennent d’organiser leur première exposition, celle-là même dont nous voulons entrete-