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Page:Castellion - Traité des hérétiques.pdf/20

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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

de Dieu était plus abondant en lui, qu’ils cherchèrent tous les moyens de lui mettre sus quelque crime, pour l’accuser de l’avoir commis en administrant les affaires du Royaume. Mais ne pouvant trouver aucune telle faute ou crime contre lui, pour autant qu’il était fidèle et loyal, ils vinrent à controuver, et forger un autre moyen pour accuser le dit Daniel, touchant la Loi, et la religion de son Dieu. À la mienne volonté, que les bons Rois et Princes considérassent diligemment cette histoire, laquelle leur est laissée par écrit, comme toutes les autres écritures, pour les enseigner et instruire : afin qu’ils se gardent de croire à ceux qui les poussent à tuer et brûler aucun pour la foi et la religion, laquelle sur toute chose doit être libre. Car elle gît non au corps, mais bien au cœur, auquel ne peut atteindre le glaive des Rois et Princes ; mais bien se contenter de défendre que les mauvais ne nuisent aux bons, tant en leurs biens, qu’en leurs corps, comme nous montre l’Apôtre au 13e des Romains.

Quant aux péchés du cœur, comme infidélité, hérésie, envie, haine, etc, c’est à faire au glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu. Que si quelqu’un trouble la République en battant, ou frappant aucun sous couleur de religion, le bon Magistrat le peut punir, comme celui qui fait mal au corps et biens, comme les autres malfaiteurs, mais non pour sa religion. Que s’il advient que quelqu’un se gouverne mal en l’Église, tant en la vie, qu’en la doctrine, l’Église doit user du glaive spirituel, qui est de l’excommunier, s’il ne veut recevoir l’ad-