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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

niers temps, auxquels les hommes, non seulement ceux qui n’ont encore à droit connu la vérité ; mais bien ceux qui s’en vantent, sont comme affamés et altérés après la chair et le sang de ceux, qui leur contredisent, et qui les veulent empêcher à épandre le sang pour la religion. En quoi ils montrent, combien ils sont loin de la clémence de Christ, et de ses Apôtres, voire de la douceur des Docteurs de la primitive Église, lesquels ont prié les Princes et les Magistrats, qu’ils ne voulussent tuer ni brûler les hérétiques, comme vous pourrez lire ici. De saint Augustin, Chrysostome, Jérôme, et autres Docteurs, lesquels il faut ensuivre tandis qu’ils ensuivent l’Écriture, comme même nous conseille ledit saint Augustin, et au contraire éviter tous ceux qui nous poussent à tuer et brûler aucun pour la foi. Car il est certain, qu’ils sont de la nature du Diable, et de l’Antéchrist, lesquels désirent la mort des povres âmes, mais au contraire les vrais Chrétiens désirent que les pécheurs et les adversaires de vérité se convertissent et qu’ils vivent. Pourtant est-il fort nécessaire de se garder des faux Docteurs, et des écrits de ceux, qui ne peuvent endurer, que l’on dise, qu’il ne faut tuer les hérétiques, craignant que l’on ne tue leur âme. Ils font à croire aux simples, que ceux qui les veulent empêcher, le font, afin de mieux pouvoir semer leur poison. Ce que l’on pourrait aussi dire d’eux : car ils ont fait le même. Le Seigneur leur veuille donner à connaître leur aveuglement, avec leur volonté. Mais il se faut ici bien donner garde d’appeller noiseux et séditieux ceux qui reprennent les faux