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Page:Castellion - Traité des hérétiques.pdf/41

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TRAITÉ DES HÉRÉTIQUES

chose est manifeste en ce que nous voyons, qu’il n’y a presque aucune de toutes les sectes (qui sont aujourd’hui sans nombre) laquelle n’ait les autres pour hérétiques : en sorte que si en cette cité ou région, tu es estimé vrai fidèle, en la prochaine tu seras estimé hérétique. Tellement, que si quelqu’un aujourd’hui veut vivre, il lui est nécessaire d’avoir autant de fois et religions, qu’il est de cités, ou de sectes : tout ainsi que celui qui va par pays a besoin de changer sa monnaie de jour en jour, car celle qui est ici bonne, autre part n’aura aucun cours, sinon que la monnaie soit d’or, car en tous lieux celle-là est bonne, de quelque marque qu’elle soit. Faisons ainsi en la religion, ayons quelque monnaie d’or, laquelle ait lieu partout, de quelque marque qu’elle soit.

Or, croire en Dieu le Père tout puissant, au Fils, et au saint Esprit, et approuver les commandements de vraie piété, qui sont contenus en la Sainte Écriture, c’est une monnaie d’or plus approuvée, et examinée que l’or même. Mais cette monnaie jusques à présent a diverses marques et figures, cependant que les hommes sont en discorde entre eux, de la Cène, du Baptême, et d’autres telles choses. Mais supportons-nous l’un et l’autre, et ne condamnons incontinent la foi d’un autre, laquelle est fondée sur Jesuchrist. Et afin que je vienne finablement au but, ne jugeons pas un homme être hérétique par l’opinion du commun peuple, mais par la parole de Dieu. Et voyons par ce que s’ensuit, que c’est d’hérétique.