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les quatre fils aymon

résulte d’abord de l’entente du roi Eudes d’Aquitaine avec Chilpéric et Ragenfred, puis de l’accord intervenu entre Eudes et Charles pour repousser les Musulmans. Mais dans les Enfances de Charles, dans le Mainet, Charles, exilé de France, se met au service du roi Galafre en Espagne, tue Braimant, épouse Galienne. En conseillant à son fils d’aller en Espagne, Aye semble nous annoncer une réplique du Mainet. Dans le Renout et le Reinolt, Renaud et ses frères vont directement en Espagne et se mettent au service d’un roi mahométan, Saforeth. Après trois ans, ils lui réclament leur trésor qu’ils lui ont confié, mais il refuse de le leur rendre. Renaud lui tranche la tête et les Fils Aymon se hâtent de rentrer en France. Renaud fait présent au roi Yves de Dordone de la tête de Saforeth[1]. Plusieurs années s’écoulent. Charles, comme dans les versions françaises, réclame une première fois les Fils Aymon. Yves, sur l’avis de son conseil (Anceel de Ribemont, Hugues d’Auvergne, le duc Ysoret, Reynart ou Reynier, Lambert), donne en mariage à Renaud sa fille (Clarisse ou Claradys), et l’encourage à élever sur une roche escarpée un château qui pourra défier les attaques du roi de France. Lambert exprime la crainte que Charles, dans sa colère, ne vienne faire pendre Yves et Renaud. Huon d’Auvergne le prend aux cheveux et à la gorge et le jette à terre. Quand le château est bâti, Yves demande quel nom il portera : Montauban, répond Renaud, puisqu’il est construit sur une montagne de marbre.

Cette forme de la légende est ancienne, semble-t-il, car elle est attestée par la version B C (et A en cette partie). Dans la délibération des barons d’Yon, le premier conseiller qui parle est favorable à Renaud. Dans le manuscrit de l’Arsenal et dans la Bibliothèque bleue, son nom est donné, c’est Godefroy.

  1. Yves pour Ys et Yvon pour Yon sont fréquents dans les manuscrits français eux-mêmes. Le roman populaire (allemand) des Fils Aymon (éd. Pfaff) fait Yves roi de Tarasconia. Il y a un Tarascon dans le département de l’Ariège. Dans le rythme latin composé en Allemagne au XIIIe siècle, l’on a aussi :

    Claricia pulcherrima,
    Uxor sua tenerrima,
    Nata regis hec Yvonis
    Tarasconie tyronis.