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les quatre fils aymon

Childebert, fils de Sighebert. Les chefs de l’ambassade étaient l’évêque Egidius et Gonthramn Bose. Au salut que lui présente l’évêque, le roi répond en lui rappelant ses torts envers lui et ses crimes. D’autres envoyés prennent la parole et le roi leur refuse de rendre les villes que Childebert réclamait et surtout Frédegonde que Childebert accusait du meurtre de son père, de son oncle et de ses cousins : « Elle ne peut vous être livrée parce qu’elle a un fils roi ; et je sais d’ailleurs la fausseté des accusations que vous portez contre elle ». Après ceux-ci, Gonthramn Bose s’approche du roi comme pour lui donner un conseil, mais Gonthramn, sans attendre les paroles du complice de Gondovald, lui dit : « Ô ennemi de notre pays et de notre royaume, toi qui es allé, il y a quelques années, en Orient pour imposer un Ballomer à notre royaume, ô perfide qui ne tiens jamais ce que tu promets ! » Mais celui-ci : « Tu es assis sur ton trône comme seigneur et comme roi, et nul n’a osé contredire tes paroles ; mais je déclare que je suis innocent de ce grief. Et si quelqu’un de mes pairs m’impute secrètement ce crime, qu’il vienne devant nous et parle. Toi, ô roi très pieux, tu remettras la cause au jugement de Dieu, afin qu’il décide quand il nous aura vus combattre en champ clos ». Tous se taisaient. Le roi continua : « Tous nous devons brûler du désir qu’un étranger dont le père a fait les métiers de meunier et de cardeur de laine, soit chassé de cette contrée ». Bien qu’il soit possible qu’un homme exerce deux métiers, un des envoyés voulant railler le roi, dit : « Ainsi, d’après toi, cet homme a eu deux pères, un meunier et un cardeur de laine. Puisses-tu, ô roi, parler avec plus de sens, car on n’a jamais ouï qu’un homme, sauf pour raison religieuse[1], ait eu deux pères ». Beaucoup éclatèrent de rire, et l’un des envoyés ajouta : « Nous te saluons, ô roi, car puisque tu n’as pas voulu rendre les villes de ton neveu, nous savons que la hache est intacte qui a fendu les têtes de tes frères ; bientôt elle sera brandie et sera enfoncée dans la tienne ». Et ils sortirent avec scandale. Le roi, irrité par leurs discours, ordonna que l’on jetât sur eux, pendant qu’ils s’en allaient, du crottin de cheval, du menu bois pourri, de la

  1. Le parrain était considéré comme un second père.