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les quatre fils aymon

coupe la corde qui soutenait la tente royale et enlève l’aigle d’or. Renaud avait voulu le retenir auprès de lui, mais l’impétueux jeune homme ne peut rien entendre :

Certes, ce dist Richars, qui en pris veut monter,
Ja mar se gardera de sagement aler,
Mais voist en aventure por honor conquester[1].

Deux fois Charles et Richard sont aux prises, d’abord quand l’empereur frappe son prisonnier[2], puis lorsque, après la délivrance de Richard, s’engage entre eux un véritable duel[3].

Richard est celui des Fils Aymon qui marque le plus de ressentiment contre l’empereur, quand celui ci est tombé entre leurs mains ; c’est malgré lui qu’on respecte la vie de Charles et qu’on lui rend la liberté[4].

  1. P. 293, v. 2 sq.
  2. P. 256, v. 6.
  3. P. 284, v. 9. — P. 285, v. 5.
  4. Les Italiens se sont fidèlement conformés à la tradition française en maintenant toujours Richard à une place d’honneur ; mais il souffre de la concurrence d’Astolphe (Estous), qui, grâce à son caractère enjoué (il le tient des Fils Aymon), devient le plus brillant des Jeunes. Au ch. XI du Morgante, Pulci s’écarte de son original, l’Orlando, dans la courte imitation où il réunit quelques-uns des épisodes des Fils Aymon : querelle à la partie d’échecs (entre Olivier et Renaud), 9-13 ; tournois au lieu de la course, 23-41 ; puis Astolphe est fait prisonnier : Charles le condamne à être pendu ; Ganelon se charge de l’exécution ; Astolphe fait sa prière et se débat entre les mains du bourreau ; Ganelon lui demande s’il espère le secours de Maugis. Enfin Renaud et Roland arrivent, mettent les Mayencais en déroute. Charles se réfugie chez Roland où la Belle Aude le cache jusqu’à ce que Renaud soit apaisé : 42-133. Ce chant où Pulci a voulu rivaliser avec le récit des Fils Aymon, est très finement travaillé, très intéressant ; mais il n’atteint pas au dramatique de la vieille épopée. Par acquit de conscience et par respect pour la tradition, au ch. XII Richard est fait prisonnier par Ganelon et sa troupe ; déjà il avait la corde au cou, quand survient Renaud qui le délivre : 10-24. Roland, dans sa colère contre Charles, avait quitté la cour et la France (imitation des passages où Roland se sépare de son oncle, surtout de p. 395) ; Renaud, maître de Paris, est couronné roi (développement d’un motif emprunté aux Fils Aymon, p. 297 : « Je vos rent la coronne ici et devant Dé ; Jamais ne serai roi en trestot mon aé ; Or i metes tel home que mex [de moi ames], Renaus soit vostres rois et a lui vos tenes. »). L’étude de la part des Fils Aymon dans la poésie chevaleresque italienne exigerait des volumes. Les poèmes consacrés à