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les quatre fils aymon

pas sans intérêt au point de vue de l’histoire de la prononciation[1].

Au début du Beuves d’Aigremont, Aymes et ses fils sont indiqués comme présents à la cour. Charlemagne rappelle ses victoires pour la Foi, sa guerre contre les Saxons, où il a occis « Guitheclin le Saine et le felon ». Plusieurs refusèrent de le servir en cette circonstance, entre autres Beuves d’Aigremont. Lohier est le premier messager. Beuves apprend à Aigremoire que Charles lui envoie son fils ; il déclare à ses barons qu’il résistera, et qu’il occira Lohier s’il lui dit « desrayson ». Le chevalier Simon essaie en vain de le calmer. Il compte sur ses frères et sur les fils d’Aymon : « De ci qu’en Oriant n’a nul millor guerrier. » La duchesse intervient : qu’il n’imite pas Doon, qui refusa de servir le roi en Espagne et contre Guithechin le Sainne. Le duc lui répond :

Vous fussiens .I. bon prouvaire pour preschier.
Ma honte me louez, et je n’en ferai riens.

Lohier et ses chevaliers sont arrivés à Aigremoire :

Plus ert blanche que noif, de fin marbre listé.
N’est nul abalestrier qui si haut peust jeter.
Elle ne crient assaut vaillant .II. ail pelé.
Nus ne la porroit prendre, se n’est par affamer,
E li sires ne prise homme de mere né.
Barons, se dit Lohier, esgardes que feres.
Je cuit qu’il n’ait si fort en la chrestienté.
Dessoulx en Aigremoire une yaue de fierté
Si s’an court en Gironde par dessoux la ferté.
Ja ne l’ara mes peres ne s’ara enquité.

Savari regrette que l’empereur entreprenne plus qu’il ne peut. Mieux vaudrait s’entendre avec le duc : « La loy doit on acroistre et la crestienté. » Il avertit Lohier que s’il provoque Beuves, il ne retournera pas en France.

  1. En examinant la photographie que j’avais fait tirer du feuillet 13, recto, au bas de la colonne A qui a été laissée en blanc à la fin du Beuves d’Aigremont, et en d’autres endroits de cette page, j’aperçois les traces d’une écriture que je ne puis déchiffrer. Les paléographes qui ont le manuscrit à leur disposition, pourraient y regarder.