Bayard. Renaud prend ses trois frères en croupe et abat[1] Huon de Péronne, donne son cheval à Alard, garde avec lui Guichard et Richard, et ils vont ainsi jusqu’à Soissons. C’est le premier exploit de Bayard. Le soir, Charles est revenu sur Paris. Girard de Roussillon et Doon sont partis sans congé, mais Charles retient Aymes et l’oblige à forjurer ses fils. Le duc part pour Dordonne et en chasse ses fils ; mais leur mère leur donna « du sien a grant foison. » Les Fils Aymon vont en « Ardanne » et élèvent le château de « Montresor ».
À cet endroit le trouvère s’arrête pour annoncer comment éclata la guerre entre Charles et les Fils Aymon réfugiés dans les Ardennes, puis entre en matière par un exorde et un développement qui ne sont ni dans le manuscrit La Vallière, ni dans la version des manuscrits B C, mais que l’on retrouve dans le manuscrit de Peter-House.
Oez, signours barons, que Diex vous puist aidier,
Li glorieux du siel qui tout a a jugier ;
S’orrez bonne chançon qui tant fait a prisier.
Des le tans Alexandre, le fort roy justicier,
Ne fu si bonne oïe, bien le puis afichier.
Ce fu a Penthecoste c’on ce doit anvoisier,
Que rois et dus et contes font jougleür dancier,
Et Charles tint sa cort, le fort roi anfourcié[2].
Mont fu grande la feste, si ot maint chevalier
Et mains dus et mains contes et mains autre princier.
Tout ainssis com li rois iert assis au mengier,
Etes vous par la sale errant .I. messaigier,
Par devent l’empereur se va agenoillier.
Sires, dist li valles, novelles vueil nuncier.
Je [vieng tot droit] d’Ardanne, .I. bois grant et plenier[3],
La ou vous m’envoiastez oan pour espier
Les .IIII. fiz Aymon cui Diex doint encombrier.