Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/22

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Que sa premiere laisse ne soit bien escoutée ;
Puis font chanter avant, se de riens lor agrée,
Ou tout sans vilenie puet recoillir s’estrée.
Je vos en dirai d’une qui molt est honorée,
El royaume de France n’a nulle si loée,
Huon de Villeneuve l’a molt estroit gardée.
N’en volt prendre cheval ne la mule afeutrée,
Peliçon vair ne gris, mantel, chape forrée,
Ne de buens parisis une grant henepée.
Or en ait il maus grez, qu’ele li est emblée. »

M. Matthes, en examinant ces vers (Renout van Montalbaen, p, XX), jugeait que Huon de Villeneuve y était désigné non comme l’auteur, mais comme le propriétaire du poème dont ils formaient l’introduction. G. Paris pensait au contraire qu’ils rappellent d’une manière frappante d’autres passages où il est expressément question de l’auteur d’un poème. Il remarquait d’ailleurs qu’il s’agit d’une Chanson de geste inconnue[1]. J’ajouterai que les poèmes énumérés par Faucher constituent une liste de même famille que celle des romans réunis dans le manuscrit H. 247 de Montpellier et dont plusieurs semblent écrits ou ont été retouchés en vue de former un cycle homogène de Doon de Mayence et de ses descendants. Huon de Villeneuve serait-il l’auteur de ces retouches ? Dans cette hypothèse, le texte des Fils Aymon que contient le manuscrit de Montpellier, lui devrait peut-être quelque chose de son état actuel[2].

J’allongerais à l’excès la liste des variantes si j’y notais les différences de mon texte et de celui de la première édition. Pour montrer une fois pour toutes dans quelle mesure Michelant s’écarte du manuscrit La Vallière, je relèverai rapidement un certain nombre de vers comme exemples. La liste entière, même pour les parties ainsi revues, serait interminable. Michelant, en règle générale, n’avertit ni des changements qu’il fait

  1. Romania IV, p. 471-472.
  2. Pour le cycle de Doon de Mayence et la parenté de Maugis, v. Revue des Langues romanes, 1886, t. XXX, p. 61-67, ou dans mes Recherches sur les Rapports des Chansons de geste et de l’Épopée chevaleresque italienne, p. 78-84.