La belle ouvry ses yeux, son cuer fu eshidés
Quant perchut la tortis qui estoit alumés
Et si ne voit cellui dont il estoit portés.
Lors dist a ses pucelles : Dames, avant venez.
Foy que je doi a Dieu, maisement me gardez.
Berfuné lui répond qu’il est décidé à l’épouser. Elle proteste. Il soulève la couverture et entre dans son lit. Elle crie, on l’entend, Renaud se dirige vers sa chambre. Mais Berfuné restait sous la couverture :
Ou lit s’estoit boutés les le belle loée.
Et elle s’escrioit a moult haulte allenée :
Vœilliez moy secourir, doulce Virge loée.
Elle a grand peur de succomber, mais elle résiste, frappe l’enchanteur. Celui-ci finit par sortir du lit, prend un bâton et frappe Sinamonde,
Et li dist par despit : Taisiez, pute prouvée.
Cependant les cris de Sinamonde ont éveillé les pucelles, mais elles ne voient rien. Berfuné rit. Il offre sa main à la princesse qui le traite de « nain puant ». Il l’injurie et la bat si fort qu’elle en perd courage. Renaud survient et voit Berfuné. Celui-ci lui dit qu’il est entré par où il a voulu et qu’il emportera Sinamonde dont il est amoureux.
F° 137. — Renaud dédaigne de combattre avec lui ; mais Berfuné lui conseille de quitter ce pays et d’aller en France où un des fils de Ripeus a accusé ses fils de trahison, de sorte que Charles les a emprisonnés. Ils seront morts et pendus, si on ne les secourt, et leur mère sera aussi en danger. Renaud refuse de le croire. Berfuné affirme qu’il sait le passé et le présent.
Merlins estoit moult saiges, mais j’en say bien autant.
Les fils de Renaud sont allés servir Charlemagne, et des traîtres ont accusé les enfants. — Renaud continue à plaisanter Berfuné sur sa petitesse. Berfuné répond qu’il doit aux Fées sa force et sa vertu. Que Renaud lui laisse porter un coup, il lui abandonnera ensuite son corps. Berfuné frappa