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les quatre fils aymon

Et Richars escouta entor et environ.
10500Il n’i oï Baiart le destrier arragon.[1]
Or a paor de mort Richars, li fius Aymon.
« Ahi ! dist il, Ripeu, gentils fius à baron,
Dones moi .i. respit que nos vos demandon,
De dire une proiere que dire soliom.
10505Bien sai, se je la di, m’ame aura garison. »
« Par mon chief, dist Ripeus, ja respit n’en donron. »
« Sire, dient si home, s’il vos plaist, si ferom.[2]
M 277S’il puet s’ame salver, grant aumosne i auron. »[3]
Respit li ont doné, je cuit, où il perdront.[4]

  1. 10500 B S’il oïst ja Baiart. C S’il n’i oï. Michelant préfère à tort cette dernière leçon. Metz comme L, mais place après, avec B, l’équivalent de 10472.
  2. 10507 Metz : par saint Pol si.
  3. 10508 B moult grant preu i aron. A Metz comme L.
  4. 10509 B Et Ripeus li otrie et il dist s’orison. — La prière de Richard est dans L plus courte que dans la plupart des autres versions ; il avait intérêt à retarder le moment fatal, mais avait-il l’esprit assez présent pour se rappeler toute l’histoire sainte légendaire ? J’ai donné quelques versions de cette prière dans les notes de Maugis d’Aigremont p. 373 sq. Voici les textes de B. et de Metz. — Texte de B :

    Biaus sire Dix, dist il, qui formas tout le mont,
    Et alastez par terre aussi com un autre hom,
    Et gardastez Jonas el ventre du poisson,
    Et Daniel sauvastez en la fosse au lyon,
    5Et douche iaue fesistez et salée selonc,
    Sire Diex, en Bethane suscitas Lazaron ;
    Marie Magdelaine en la maison Simon
    Si vous ploura as piez par bone entencion,
    Et si les vous lava des larmes de son front,
    10Puis vos les essua à ses crins qu’ele ot blons ;
    D’un onguement les oint moult precieus et bon
    Qui moult souef rendoit une moult [douce] odour ;
    Judas li fel parla par contraliison :
    Et car, estez, biau sire, che maufé devant vous.
    15Et vous li respondistez par moult boine raison :
    Che que elle me fait, me plaist et si m’est bon.
    Car je tieng ore tel moult pres à compaignon
    Que cheste ara encore moult meillor guerredon
    Lassus amont el chiel à ma surrexion.
    20Lors l’en levastez, sire, amont par le menton,
    De trestouz ses pechiez li fesistes pardon ;
    Les .iiii. vens meistez en l’air par contenchon
    Et encore vent il cascuns en sa saison,