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les quatre fils aymon

discours, composé par Grégoire, contient le résumé des raisons qu’alléguaient les partisans du prétendant. L’attitude de Gondovald lui est dictée par sa situation.

La question de la parenté de Renaud et des barons de Charles est une de celles qui reviennent le plus souvent et le plus longuement dans le poème, soit que Renaud reproche à ses adversaires d’oublier qu’il est de leur sang, soit que les barons refusent leur service à l’empereur en raison de leur parenté avec les Fils Aymon. À Vaucouleurs, Ogier agit dans l’intérêt de ses cousins au lieu d’obéir aux ordres qu’il a reçus, et un peu plus loin Renaud lui reproche amèrement de ne les avoir pas secourus. Quand Richard est tombé entre les mains de Charlemagne, l’empereur ne trouve aucun des Pairs qui consente à conduire le prisonnier au gibet. La raison donnée est toujours la parenté. Pour une très grande part, l’intérêt naît du conflit entre le respect dû aux liens de famille et la fidélité due au suzerain. L’importance donnée à ce motif se comprend mieux si les hauts barons du poème représentent la grande famille des Mérovingiens, de ces premiers Reali di Francia, dont l’histoire de Gondovald étale les divisions et les guerres. « Pourquoi me méconnaissez-vous ? » s’écrie Renaud, et il offre lui aussi de se rendre auprès du roi, de se soumettre à ses exigences. Le prétendant ne dit pas autre chose, mais dans sa bouche tout est mieux motivé que dans celle de Renaud.

De là naît une contradiction dans le caractère de Renaud. Les trouvères, puisant dans la tradition carolingienne, ont fait de lui le plus vaillant, le plus redoutable des guerriers, et ont laissé subsister un trait plus ancien, le désir d’avoir sa « paix », de ne plus encourir la disgrâce du roi. Sous cette vigueur et cette hardiesse héroïques, il y a un fond de faiblesse

    se rendre auprès de sa mère Brunehilde « Ne forte aliquis daretur aditus qualiter ad Gundovaldum scriberet aut ab eo scripta susciperet. » Gregor. Turon. VII, 32, 33. Plus tard, le roi Gonthramn convoqua un synode des évêques pour lui déférer Brunehilde qu’il accusait d’exciter contre lui son fils Childebert et d’avoir voulu épouser un fils de Gondovald. On venait de toutes les parts de la Gaule à cette assemblée, quand les évêques apprirent que la reine Brunehilde s’était justifiée par un serment : « Quod Brunichildis regina se ab hoc crimine exuit sacramentis. » Ils rentrèrent donc chez eux.