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intéressantes. Puis sont venues d’autres, éditions en 1506 (Thomas Duguernier), 1521 (veuve Michel Lenoir), etc.

La librairie Maurice Bauche vient de donner en 1908 une reproduction de l’incunable de 1480, modifiée pour la langue et le style, mais avec les noms propres toujours altérés. L’introduction, pleine d’erreurs, contient plusieurs fac-similés des incunables de 1480 et de 1497 et de deux manuscrits de la Bibliothèque nationale.

Il est probable que le manuscrit mentionné par Paulin Paris (Histoire littéraire, XXII, 707) contient la plus ancienne version en prose des Fils Aymon. Il se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal et a pour cote B L 3151 (ancien 243). C’est un gros volume écrit sur papier, comprenant 394 feuillets. Le dernier n’a que huit lignes dont la moitié est déchirée de haut en bas. L’écriture est allongée et pâle, d’une lecture qui m’a semblé difficile. Pour les quelques lignes que je vais citer, je prie de se reporter au commencement du manuscrit de Metz (à la fin du court appendice, après la description des manuscrits).

« Ouez, seigneurs, la plus belle histoire qui oncques advint depuis que Dieu fut né, et pour icelle vous faire entendre, est vray que ou temps jadis.... le roy Charlemaigne de France guerroia Beuf d’Aigremont et ses trois filz (corr. freres), dont le premier fut appellé Girard de Roussillon, le second Doon de Nantueil et le tiers Aymon de Dordon, duquel Aymon yssit depuis Regnault de Montauban et ses freres dont vous orrez cy apres....

« Ung jour de Pentecouste Kr. estant.... à Paris manda tous ses omes, barons et geldons.... y estoit le duc Naymes (corr. Aymes) o ses quatre filz qui estoient de grant renon »....

Charles demande d’aviser et d’élire un messager à Beuves, il charge du message « Lohier, son ainsné filz et lui dist : Biau filz, je vous comment aller vers Beniz (sic) d’Aigremont. » Il veut qu’il le vienne servir à la Nativité, accompagné de tous ses barons.

C’est un abrégé gauche et lourd et c’est aussi un calque, au point que le v. 45 est reproduit sans changement. L’on rencontre des erreurs étranges, fils pour frères, Naymes pour Aymes. Le défaut principal est l’allure empesée de la phrase, défaut qui s’aggravera. On en jugera par les premières lignes de l’incunable de 1480 : « Véritablement nous trouvons es faitz du bon roy Charlemaigne que une fois à une feste de Penthecoste ledit Charlemagne.... » L’on est à cent lieues de l’épopée.

La traduction allemande du xvie siècle que M. Bachmann a éditée en 1896 dans la collection du Literarisches Verein (no 206), paraît suivre un texte intermédiaire entre les incunables et l’édition de 1521 (veuve Michel Lenoir) que M. Pfaff a signalée comme très mauvaise (op. l. XXI). Les noms propres y subissent une nouvelle épreuve et l’on constate ce retranchement impitoyable de tout ce qui a trait au culte et aux croyances catholiques, que M. Bachmann avait déjà rencontré dans la traduction allemande du Morgant français (même collection, 189).