Page:Castilhon - De la phlébite suppurative.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 38 —

des vaisseaux était une séreuse ; cette assimilation concordait admirablement avec sa théorie ; les séreuses produisent aisément des exsudations fibrineuses et des masses purulentes. Mais d’habiles micrographes sont venus saper les fondements de la théorie inflammatoire ; Henle, Memel, Vogel, Virchow, après avoir étudié avec soin la texture des veines, s’accordent à dire que les vaisseaux nourriciers arrivent jusqu’à la membrane moyenne, qu’ils ne vont pas plus loin. Cette dernière n’est pénétrée que très incomplètement, l’interne en est totalement dépourvue ; ce n’est donc point une séreuse, elle ne peut lui être assimilée, les séreuses se distinguent par un caractère essentiel : la présence de vaisseaux et de nerfs dans leur intérieur.

La suppuration de la tunique interne des veines, on le voit suffisamment, est impossible ; cette tunique est sans organisation, c’est un tissu d’ordre inférieur, soumis à des lois spéciales de reproduction et de nutrition, comparable aux produits épidermiques. Trousseau et Rigot, en 1827, et M. Gourdon, beaucoup plus tard, ont confirmé l’observation anatomique par l’observation expérimentale, d’excellents résultats ont couronné leurs efforts. Il résulte des recherches qu’ils ont faites que la membrane interne ne prend aucune part au travail de cicatrisation des plaies veineuses, qu’elle est complètement passive ; la membrane externe est seule intéressée, la moyenne, elle-même, n’est que faiblement altérée dans sa couleur. Il est très difficile, impossible d’irriter la membrane interne ; le docteur Vogel, de Gœttingue, à qui nous devons un grand nombre d’expériences, après avoir pratiqué la suture des veines, a injecté dans leur intérieur, du sable, de la sciure de bois, des matières organiques, etc. ; aucune de ces substances n’a pu faire développer la moindre irritation.