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euphoniquement appelée : « Le Crédit foncier franco-canadien. » Autrement, Sir John et Langevin nous l’enlevaient !

Je vous le demande ! Nous prendre ainsi, avant l’heure, notre Tabou ! notre Mikado !

Mais la Minerve criait sans cesse, à la province de Québec :

« Pas de danger ! » IL l’a dit : « Tant que la province de Québec n’aura pas le coffre plein et la poule au pot, je n’irai point à Ottawa. »

Et la province de Québec qui savait bien, elle, qu’elle n’avait ni le coffre plein ni la poule au pot, se disait :

« Pas de danger ! »

« Sans doute que, y aller, cela doit arriver. Mais qui lui refusera de nous consacrer au moins une avant-déjeuner pour restaurer nos finances et nous bailler l’âge d’or… et quelques semaines pour faire éclore, les poulets ? On a beau être Grand Homme, on n’est pas obligé de couver plus vite que le violon…

« Donc ! pas de danger ! »


IV


Et pourtant, ça y est !…

Un beau malin de l’autre jour, on se réveille et le télégraphe nous apporte la nouvelle :

« Factum est ! » comme auraient dit les Romains ! L’affaire est bâclée !

M. Chapleau a, tout à coup, daigné consentir à entrer dans le gouvernement fédéral et à réaliser l’espoir d’Ottawa. Et pour Québec, il ne reste plus qu’à dire, avec la Perrette de La Fontaine : « Adieu, âge d’or, poule au pot, couvée ! »

On a d’abord cru à un enlèvement. Sir John et Langevin ont été, vingt-quatre heures durant, violemment soupçonnés d’avoir fait usage de la force brutale.

Mais il parait qu’IL y a consenti…


V


Pourquoi y est-il allé ? Dans quelles circonstances ? À quelles fins ?

Questions indiscrètes ! impertinentes même ! Je voudrais bien savoir qui a le droit de demander à Nos Seigneurs et Maîtres le pourquoi et le comment d’un remaniement ministériel !

Les Maîtres l’ont voulu !

M. Chapleau daigne condescendre à accepter un portefeuille à Ottawa !

Il se contente même d’un seul portefeuille !…

Mais c’est parfait !

Que veut-on savoir de plus ?…