moins tout un parti politique, à suivre un chef quelconque ou une direction quelconque, de crier : Discipline ! obéissance ! fidélité au parti !
Non ! il y a des principes plus forts que ces mots retentissants ; des devoirs liant plus étroitement les hommes politiques à la cause du droit et de la justice que certains liens éphémères ne les lient aux intérêts d’un parti, une autorité supérieure à celle des chefs de parti les plus universellement acclamés, supérieure par conséquent à l’autorité de certains chefs d’occasion, qui ne sont que des soldats de fortune.
Ce droit au commandement absolu, même arbitraire, M. Chapleau, dira la Minerve, l’a acquis par droit de conquête. N’est-ce pas lui qui a remporté les élections de décembre 1881, cette victoire sans précédent, qui a pulvérisé le parti libéral et assuré aux conservateurs au moins cinquante comtés sur soixante-cinq ?
Eh bien non ! M. Chapleau ne nous a pas ainsi conquis. Lui attribuer tout le mérite de cette grande victoire est l’une de ces exagérations ridicules que les organes ont mises à l’ordre du jour, dès qu’il s’agit de M. Chapleau. M. Chapleau a, depuis vingt-cinq ans, pris une très large part au travail des élections en général et aux luttes oratoires en particulier : nous nous plaisons à le reconnaître ; il dispose d’une grande puissance d’élocution et sa parole produit sur les foules un effet considérable : nous le concédons volontiers, et nous lui en donnons ample crédit. Rappelons de suite qu’il en a été payé au centuple pour le moins, soit par le patronage qu’il a reçu, soit au moyen de positions importantes données tant à lui qu’à toute sa famille, soit enfin par la réputation presque féerique et le piédestal grandiose que, en retour, les organes du parti lui ont édifiés.
Il a péroré dans les élections :
A-t-il fait plus, dans ce sens que le célèbre Charles Thibault ? Ce dernier ne peut-il pas comparer avec avantage, tant sous le rapport de l’effet magique sur les foules que sous le rapport des résultats produits, ses campagnes électorales avec celles de M. Chapleau ? Et de plus, combien d’exploits accomplis par Thibault, dans des circonstances où Chapleau eût échoué ! Combien de campagnes difficiles entreprises par Thibault où Chapleau ne se serait pas risqué !
M. Chapleau paraît s’être multiplié pour adresser la parole sur presque tous les points de la province. S’y rendait-il pour faire des luttes difficiles et profitables ? Ne faisait-il pas plutôt, de toutes ces pérégrinations, un moyen d’augmenter son prestige personnel, de