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Aux élections de 1878, la région de Montréal avait donné au moins les quatre cinquièmes des députes conservateurs de la Province ; c’est à peine si la région de Québec avait contribué pour un cinquième à former notre majorité conservatrice.

Or, il fut mis à la disposition de l’élément français catholique de notre Province, cinq emplois supérieurs, sources importantes d’influence et de patronage — savoir : trois portefeuilles de ministres, la charge de Lieutenant-Gouverneur et celle d’Orateur de la Chambre des Communes.

Québec ne pouvait avoir de prétexte de réclamer plus que sa part, puisque toujours elle avait eu la part du lion dans les hauts emplois. Voyez plutôt : à la formation du Cabinet Joly, on prit quatre ministres dans Québec même : MM. Joly, Ross, Langelier et Chauveau ; un cinquième à St-Hyacinthe, M. Bachand, un sixième à St-Jean, M. Marchand. Le seul ministre sans portefeuille et par conséquent sans patronage, le fameux M. Starnos, échut à Montréal.

Quand on forma la Cour Suprême, on prit à Québec MM. Fournier et Taschereau aîné, les deux seuls juges appartenant à notre Province ; quand il s’agit de remplacer M. Taschereau aîné, on prit encore son successeur à Québec, M. Taschereau neveu. On choisit également à Québec M. Letellier, le troisième de nos lieutenants-gouverneurs et M. Cauchon lieutenant-gouverneur du Manitoba.

Les libéraux excusaient ce chauvinisme révoltant par le fait que Québec était le château fort des libéraux, le siège de leur parti.

Par contre, Montréal étant le château fort conservateur, qu’avait-on toujours fait ?

Les deux lieutenants-gouverneurs nommés depuis la confédération par les conservateurs, Messieurs Belleau et Caron étaient tous deux de Québec.

Maintenant, si l’on prend les chefs de bureaux ou députés ministres à Ottawa, l’on verra que la province de Québec en avait sept sur quinze. Or, où ces sept chefs de bureau et députés ministres avaient-ils été pris ? Messieurs Lemoine, Greffier du Sénat, Taché, député ministre de l’Agriculture et des Statistiques, Baillargé, député ministre des Travaux Publics, Panet, député ministre de la Milice, Edouard Langevin, sous-secrétaire d’Etat, Côté, secrétaire du Conseil Privé[1], avaient tous été pris à Québec.

Depuis, M. Lemoine, greffier du Sénat, a été mis à la retraite. Eh bien ! il est encore remplacé par un Québecquois, M. Edouard Langevin !

Seul, M. Trudeau, député ministre des Chemins de fer et Canaux,

  1. Les huit autres chefs de bureaux étaient ceux : 1° de l’Intérieur ; 2° des Douanes ; 3° du Revenu ; 4° des postes ; 5° de l’Auditeur Général ; 6° de la Marine et des Pêcheries ; 7° de la Justice ; 8° du Secrétariat des Communes.