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Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/299

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» guerre. » Le duc de Bretagne en fut probablement frappé ; car dans les rolles des monstres de 1466, où il règle l’habillement de guerre des nobles du pays et duché de Bretagne, il dit qu’ils seront accompagnés, scion leurs puissances, d’arebers à brigandines, salades, arcs et trousses ou jusarmes ; f et s’il y avoit de bons arbaleslriers ou cranequigneurs ou > lieu des dilz archers, ils seront receuz. > (D. Lobineau, Hist. de Bret., t. Il ; Preuves, p. 1290. — Pitre-Chevalier, La Bret. anc. et mod., p. 567, 568). Les fantassins se servaient également des cranequins pour bauder l’arbalète ; on les posait à terre comme un cric, ils agissaient en sens opposé et bandaient l’arc. Outre le cranequin, il y avait encore pour armer l’arbalète un autre instrument, on pour mieux dire un antre moyen. Quand il voulait bander son arc, l’arbalétrier l’appuyait à terre par le bout supérieur, il passait son pied dans l’anneau ou étrier réservé au bout de l’arbrier, puis il se penchait, et saisissant alors avec son crochet la corde de l’arbalète, il se redressait avec force et la corde venait se placer dans la coche destinée à la recevoir. C’était ce qui s’appelait armer à ceinture (Achille Jubinal, Arme ri a real de Madrid, suppl., p. 37, 38). La manœuvre de l’arbalète est bien visible dans la miniature du Froissart de la Bibl. nat. (Montfaucon, Mon. de la mon. /r., t. III, pl. 42. — Willemin, Mon. fr. inèd, t. II, pl. 173. — De Caumont, Cours d’ant. mon., V, pl. 63), où l’on peut voir des fantassins assiégeants se servir de cette arme, la monter et la tirer. Une miniature d’un autre ms. de la Bibl. nat. nous montre les Turcs au siège de Rhodes en 1480, manœuvrant l’arbalète de la même manière (Magpitt., t. XXIV, 1856, p. 157, fig. 1).

Des arbalètes semblables à celles du Musée de Rennes ont été décrites par le P. Daniel, Hist. de la mil. fr., I, p. 423, pl. 24. 11 s’en trouve aussi au Musée d’artillerie de Paris (Cat., n» 906, figurée au Mag. pitt., I, 1833, p. 261), au Musée de Sainl-Quentin (De Caumont, Bull, mon., XXIV, 1858, p 686, avec vignette sur bois), au Musée d’art, de Madrid (Ach. Jubinal, Armeria real, suppl., 39, fig. 4 et 5).

Une lettre patente de Charles IX nous fait connaître que ce fut vers 1566 qu’on abandonna sérieusement en France l’arbalète. En effet, cet acte ordonne qu’à l’avenir les trois compagnies d’archers de la ville de Paris seront toutes armées d’arquebuses, « attendu qu’à présent les arcs » et les arbalètes ne sont en usage de défense. »

Fin du XVe siècle. — Coll. de Robien. — H. de l’arbalète 0m72. Diam. de l’arc 0m6b. Long, du cric 0m36.