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Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/390

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allusion en peignant Brahma entouré d’un grand cercle de têtes humaines. Le dieu ayant reçu le pouvoir de produire et de développer les êtres, sépara les éléments, créa l’Empyrée, le Paroudam ou Paradis terrestre, et l’Abîme ou mer de lait, océan primordial d’où sortit le monde et où le monde doit rentrer. C’est alors que Sarpa-Radja, le roi des serpents, surnommé Adicécha (durée) ou Ananta (sans fin), apporta dans la mer de lait le mont Mérou, par la pression puissante de ses anneaux exprima dans l’océan lacté les sucs précieux des fleurs et des f fruits de la montagne sacrée, et confectionna ainsi l’amrita (a privatif, mrita ou mourta, la mort), divine ambroisie qui assure aux dieux l’immortalité. Brahma, après avoir ainsi créé les divers mondes dont l’univers se compose, est rentré dans le repos où il doit rester jusqu’à une création nouvelle, et c’est dans cette attitude que le peintre indien l’a figuré.

2. Brahma, le premier membre de la Trimourti, le créateur de l’univers. Il est représenté dans une pagode située dans le Paroudam ou paradis terrestre. Il est assis sur une fleur de lotus appelée padma en sanscrit ou tavarai en tamoul. C’est le nymphœa nelumbo de Linné, famille de la polyandrie monogynie, ou nelumbium speciosum des botanistes modernes, famille des nymphéacées. Cette plante aquatique, mais amie de la chaleur et de la lumière, est un emblème mystique qui jouit d’une vénération religieuse. C’est le théâtre de la naissance du dieu. Il est représenté avec quatre têtes, et il a quatre bras, d’où le nom de Tchatour-Bôdja. Il tire de lui-mime quatre fils : Brahman, Kchatrüa, Vaïcia, Soudra, qui sont sortis, le premier de sa bouche, le second de son bras droit, le troisième de sa cuisse droite, le quatrième de son pied droit, et qui devinrent les souches des quatre castes fondamentales des prêtres, des guerriers, des marchands, des cultivateurs, embrassant les quatre conditions de la vie, héréditaires et rigoureusement subordonnées entre elles. Il compose et publie les quatre Védas, savoir : YÉzour-Véda, le Sama-Véda, le Rig- Véda et Y A darvena- Véda, livres canoniques fondement de la religion. De longues barbes respectables descendent de ses quatre mentons ; les quatre faces sont analogues aux quatre castes, aux quatre védas, aux quatre points cardinaux et aux quatre régions du monde. Dans une de ses quatre, et non huit mains, il tient le Ichakra ou soudarsana, cercle de feu, espèce de roue enflammée, symbole de la force vivante qui pénètre et fait mouvoir l’univers. Dans une autre main, il tient par le manche un éventail avec lequel il entretient la vivacité du feu sacré qui brûle près de lui. Il est distingué par l’yegnopavitam ; c’est le zennar ou cordon sacré de coton que portent les brahmes, et qui se compose de trois petites ficelles tressées chacune de neuf fils, emblème