Aller au contenu

Page:Catalogue raisonné du Musée d’Archéologie et de Céramique.djvu/411

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 401 —

Le trôme du monarque occupe la place d’honneur au haut dé Ÿamkas m salle d’audience. Il est placé sur une plate-forme hexagone en argent appelée djêrogàh, couvert d’an dais de brocard cramoisi à fleurs d’or et soutenu par quatre colon nettes d’argent massif ; tout auteur du dais pend une frange-d’argent. Du dossier du trône s’élève un parasol, insigne de la souveraineté, garni de pierres précieuses avec des franges de perles. Le sultan est assis à la manière orientale, les jambes croisées sur un riche coussin qui garnit l’estrade, coussin appelé musnod. 11 tient de la main droite le bouquin du tuyau avec lequel il fume le houhha ; sur sou poing gauche ganté, il porte un oiseau de proie dressé pour la chasse^ espèce de faucon ou d’épervier. U n’y a que les princes de sa famille et les vizirs qui aient la permission d’entrer au-delà de la balustrade d’argent qui entoure le trône pour chasser les mouches qui pourraient voler sur sa personne. En vertu de ce privilège spécial, Qamar-eddin-Khan et Khan-Douran se tiennent debout à côté du trône, ayant chacun sur l’é paule un chamara ou chasse-mouches en plumes de paon. Devant le trône, est debout Nizam-el-Moulouk, présentant à la main l’ordre impérial qui l’a mandé. Le colonel Gentil ajoute qu’il reçut le kelet, un sabre et un poignard, baisa ensuite lé bas du trône où était l’empereur, et que quelques jours après il fut nommé vizir.

Il n’est pas sans intérêt de savoir ce que devinrent ces personnages. Des intrigues firent perdre au nouveau vizir la faveur de son tnaitre, et il se retira dans sa province qu’il gouvernait en souverain. Pour se venger de ses ennemis, il eut recours à l’étranger, et s’entendit avec Tliamas-Kouli-Khan, qui avait usurpé le trône de Perse en se faisant donner le nom de Nadir-Chah (l’excellent). Il l’appela dans l’Inde, dont sa trahison lui facilita l’accès. Les troupes mogoles, commandées par Khan-Douran, allèrent bravement au-devant de l’ennemi ; mais à la bataille de Karnal, livrée le 24 février 1739, les Indiens furent mis en déroule par les Persans et Khan-Douran perdit la vie. Nadir entra en vainqueur dans Delhi, qu’il mit au pillage et dont il fit massacrer les habitants, puis il retourna en Perse, emportant avec fui comme trophée le trône de Mohammed, et lui imposant une sorte de vasselage sous le vizirat de Nizam-cl-Moulouk. L’année 1747 vit mourir tout le reste des personnes qui ont figuré dans ce récit. Qamar-eddin-Khan fut tué d’un coup de canon en combattant contre des révoltés, et Mohammed-Chah en conçut un si vif chagrin qu’il en mourut deux jours après Le féroce Nadir-Cbah fut poignardé dans une conspiration ourdie par ses propres officiers. Quant au traître Nizamcl-Moulouk, qui avait attiré tant de malheurs sur son pays, il finit paisiblement ses jours à l’ôge de 90 ans, dans sa province du Dckhan, où il s’était rendu indépendant.