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CATULLE. — IV.

passe, dit-on, sans retour. Oh ! soyez maudites, ténèbres funestes du Ténare, vous qui dévorez tout ce qui est beau ; et il était si beau, le passereau que vous m’avez ravi ! Ô forfait ! ô malheureux oiseau ! c’est pour toi que les beaux yeux de mon amie sont rouges, sont gonflés de larmes.

IV.

DÉDICACE D’UN VAISSEAU.


Amis, voyez-vous cet esquif ? il fut, s’il faut l’en croire, le plus rapide des navires. Jamais nul vaisseau ne put le devancer à la course, soit que les voiles, soit que les rames le fissent voler sur les ondes. Il vous défie de le nier, rivages menaçans de l’Adriatique, Cyclades périlleuses, illustre Rhodes, Thrace inhospitalière, Propontide, et vous, rivages de l’Euxin, où naguère, forêt chevelue, il étendait ses rameaux : oui les sommets du Cytore ont souvent retenti du sifflement de son feuillage prophétique. Tout cela, dit-il, vous est connu, et vous pourriez l’attester encore, Amastris, et toi Cytore couronné de buis ; car il s’élevait sur vos cimes chenues depuis l’origine du monde. Ses rames se plongèrent pour la première fois dans les ondes qui baignent votre base. C’est de là qu’à travers les vagues déchaînées, il a ramené son maître, soit que le vent soufflât du couchant