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Page:Catulle - Poésies, traduction Héguin de Guerle, 1837.djvu/82

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cette beauté au nez difforme, maîtresse du banqueroutier Mamurra ! Parens chargés de veiller sur elle, convoquez amis et médecins ; car la pauvre fille a le délire. Elle ne connaît pas sa laideur : voyez jusqu’où va sa folie !

XLII.

CONTRE UNE COURTISANE.


À moi, vers caustiques et mordans, accourez tous tant que vous êtes. Une infâme prostituée ose se jouer de moi ; elle refuse de me rendre mes tablettes, ces tablettes illustrées par vous ; et vous pourriez le souffrir ! Non, poursuivons-la de nos sarcasmes, pour la forcer à restitution. Quelle est cette drôlesse, dites-vous ? C’est celle que vous voyez s’avancer d’un air si effronté, et dont la bouche maussade et grimacière ressemble, quand elle rit, à la gueule d’un chien gaulois. Il faut l’assaillir de toutes parts, la relancer sans relâche : Sale coquine, rends-moi mes tablettes ; rends-moi mes tablettes, sale coquine. — Elle s’en soucie comme de rien ! — Infâme coureuse, rebut des mauvais lieux, et pire encore, s’il est possible. — Mais cela, je pense, ne suffit pas encore. Tâchons du moins, faute de mieux, de faire rougir le front d’airain de cette impudente chienne : criez tous à la fois et encore plus fort : Sale coquine, rends-moi mes tablettes, rends-moi mes tablettes, sale coquine. — Peine inutile ! rien ne l’émeut.