Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/102

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prompt ni aſſez adroit, & croyant couper en deux la ſerpente, il emporta avec ſa tête le bout du ſein de ſa ſœur ; la ſerpente mourut : mais Adelis fut en grand danger, ſon ſein eut bientôt changé le lait en une pourpre vermeille ; elle s’évanoüit, & le bon Hermite qui connoiſſoit la vertu des ſimples, en eut bientôt mis ſur ſa bleſſure qui étrancherent ſon ſang, & peu aprés elle fut guerie.

Carados étoit ſi touché à ce ſpectacle, qu’il ne ſentoit pas la joye de ſon ſoulagement ; (tout veritable Amant doit être de même) il faiſoit des cris horribles dans ſa cuve, mais on ne l’écoutoit pas ; & par l’ordre du Roy Candor on le mit dans un bain, comme l’avoit ordonné Iſene la belle. Il en ſortit plus beau qu’il n’avoit jamais été, en un mot le plus charmant de tous les hommes & le plus deſirable pour Amant.

En cet état il s’alla preſenter à Adelis, qui ne pouvoit aſſez remercier la bonne fortune qui avoit délivré Carados d’un mal ſi terrible. Il y avoit même dans cette gueriſon des circonſtances qui étoient d’un prix & d’un goût infini pour Carados (peu de Dames auroient les