Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/104

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ce qui manquoit, & que s’il plaiſoit à Adelis d’en faire l’épreuve, il luy remettroit le bout du ſein. Elle eut quelque peine à s’y reſoudre par modeſtie : mais Carados luy ayant défait les agraffes de ſa robe, elle fit paroître le plus beau ſein du monde. L’inconnu en approche la boucle de ſon Bouclier, qui s’y prit tout auſſitôt : & voilà un joly bout d’or qui ſe fait au ſein de la Reine, & l’on l’appella depuis la Reine au bout du téton d’or.

Cet inconnu ſe fit reconnoître pour le Seigneur des Iſles lointaines, pere de Carados ; on luy fit grande fête. Il demanda Iſene la belle pour femme, on la luy accorda, il étoit bien juſte de recompenſer un ſi long amour, ſi ardent & ſi fidele. Ces quatre époux vécurent dans un bonheur perpetuel.

Par differens chemins on arrive au bonheur,
Le vice nous y mene auſſi-bien que l’honneur :
Témoin ce que l’on voit en Iſene la belle,
      Aprés des tourmens meritez,
      Elle eut mille proſperitez,
Et la ſage Adelis ſi tendre & ſi fidelle