Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/132

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Quel ſéjour pour une ſi belle Princeſſe, ſi délicate & ſi propre, de ſe voir dans un lieu horrible ? On la mit dans le creux d’un arbre qui étoit au milieu de l’Iſle, on luy donna quelques racines & quelques dattes pour ſon ſouper. Tous les oiſeaux de mauvais augure étoient perchez ſur les branches de cet arbre : les corbeaux, les chathuans y jettoient des cris funeſtes, & dés le matin une méchante choüette fit ſon ordure ſur la tête de Pretintin.

Elle ſouffroit d’un état ſi triſte, conſolée toutefois de ſouffrir ſeule, & que le beau Nirée fut en ſeureté par le moyen de Tourbillon. Oubliant la vûë de ſa miſere preſente, elle penſoit auſſi tranquilement à ſon Amant que ſi elle eût encore été dans le Palais de ſon pere, quand portant la vûë de tous côtez, elle appefçût la Fée avec Arrogant, qui tenoit dans ſes mains un fatal cordon, & deux Nains contrefaits qui le ſuivoient.

Elle ſe douta que c’étoit ſa derniere heure, & qu’on l’alloit faire mourir. Quelque fermeté d’ame dont elle ſe piquât, elle eut grande peur, & un ſentiment naturel luy fit porter à ſa bouche