Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps, & voyant l’évanoüiſſement ſi profond de la Fée, il porta une main hardie ſous ſes jupes, & luy defit la fatale ceinture. Joyeux d’un tel butin, il le montra à la Princeſſe ; Tourbillon, qui loüa ſa preſence d’eſprit, rentra dans ſon Palais, il fut prendre l’oreiller de Morphée, & le mettant doucement ſous la tête d’Uliciane :

Elle dormira, dit-il à Nirée, juſqu’à ce qu’une fille qui naîtra de vous & de Pretintin, & qui ſera auſſi belle que ſa mere, l’éveille & la tire de là, ayant autant de bonté qu’elle a été juſqu’icy cruelle.

En diſant cela Tourbillon & Nirée la porterent dans l’arbre d’or, & la mirent dans la magnifique chambre, l’oreiller ſous ſa tête ; ſa ceinture fut penduë à une branche de l’arbre, & les deux Nains furent mis avec Arrogant à l’entrée de l’Iſle.

Uliciane repoſa ainſi long-temps ; & le Roy d’Armenie étant mort, la belle Pretintin fut couronnée Reine, & ſe maria avec le beau Nirée, ne devant leur bonne fortune qu’aux obligations qu’ils avoient à leur bon amy Tourbillon.