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L’aimable Bleu ſoûrit, & luy dit qu’elle le trouvoit bon ; & lors les quatre Princeſſes chanterent diſtinctement ces paroles :

Tu vois devant tes yeux ce qui ſeul peut charmer,
      L’Objet ſeul que l’on peut aimer.
Il preſente à ton cœur de glorieuſes chaînes,
L’amour a fait pour toy ces liens prêcieux,
Eſpere, & ſouviens-toy qu’aprés de longues peines
      On peut trouver un ſort delicieux.

Le Prince fut d’abord ſi épouvanté d’entendre des vois ſi belles ſortir de ces colonnes de ſaphirs, & s’accorder avec une juſteſſe qui alloit chercher dans ſon ame toute la diſpoſition qu’il avoit lors pour la tendreſſe, qu’il ne ſavoit dans un ſi grand prodige ſi ſon état étoit bien naturel, & s’il ne demeuroit pas toûjours enchanté. Ces paroles ſe repeterent ſi ſouvent qu’il n’en perdit aucune, & ſe laiſſant emporter à une flateuſe eſperance : Que faut il faire, s’écria-t-il, pour meriter de brûler de ce feux.