Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/222

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Lirette branloit la tête, & trouvoit cette regle bien dure. Finfin étoit cependant toûjours occupé de ſon doigt ; il preſſoit ſur la piqueure du jus de feüilles de Roſe, & il l’en envelopoit. La Bonne Femme luy demandoit pourquoi il faiſoit cela : Parce que je crois, luy dit-il, que le remede peut venir de la même cauſe dont eſt parti le mal. La Bonne Femme ſoûrit de ce raiſonnement : Mon cher enfant , luy répondit-elle, ce n’eſt pas en cette occaſion. Je croyois que cela étoit en tout, réprit-il, car quelquefois que Lirette me regarde, elle me trouble entierement ; je me ſens tout émû, & le moment d’aprés ſes mêmes regards me font un plaifir que je ne ſaurois vous dire ; quand elle me gronde quelquefois , je ſuis tres-touché : mais qu’elle me diſe enfin une parole de douceur, je me trouve tout joyeux.

La Bonne Femme admiroit ce que ces enfans étoient capables de penſer ; elle ne ſavoit ce qu’ils s’étoient les uns aux autres, & elle craignoit qu’ils ne vinſſent à s’aimer trop. Elle eût bien voulu ſavoir s’ils étoinent freres, ſon ignorance la mettoit dans une terrible inquietude. Leur grande jeuneſſe la raſſuroit.