Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/246

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tendu à l’avanture qui arriva. On mena Lirette & Finfin devant ce cruel Prince ; il leur dit mille injures, & les fit enfermer dans une obſcure & forte priſon. Ce fut alors qu’ils regretterent bien de ce que leur petite Ceriſe & leur petite Amande n’avoient plus de vertu. Le Fan & la Perdrix les furent trouver : mais le Fan ne pouvant les voir, jetta quelques larmes de douleur ; & voyant que le Roy commandoit qu’on le prit & qu’on l’écorchât tout vif, il ſe ſauva à la courſe vers Mirtis. La Perdrix fut plus heureuſe ; elle les voyoit tous les jours à travers la grille de leur priſon. Par bonheur le mauvais Roy ne s’étoit pas aviſé de les faire ſeparer. Quand on s’aime c’eſt un plaiſir de ſouffrir enſemble.

La Perdrix revoloit tous les jours, & alloit dire de leurs nouvelles à Madame Tu Tu, à la Bonne Femme & à Mirtis. Mirtis étoit trés-affligée, & ſans le beau Prince elle auroit été inconſolable. Elle ſe réſolut d’écrire à ces pauvres captifs par la fidelle Perdrix ; elle luy pendit une petite bouteille d’ancre au col avec du papier, & luy mit une plume au bec. La bonne Perdrix ainſi chargée, ſe rendit aux grilles de la priſon. Ce fut