Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/51

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témoignages de tendreſſe, l’inviſible Deſirs y mêloit les ſiens, & ſa voix ſe faiſoit entendre quand ſon corps ne paroiſſoit pas, tandis que toutes les Fées dans un étonnement ſans pareil, donnoient en mille manieres differentes d’éclatantes marques de lueur joye, de revoir leur vertueuſe Reine. Les bonnes Fées venoient ſe jetter à ſes pieds, luy baiſer la main & ſes habits. Elles pleuroient, elles perdoient la parole, chacune s’exprimoit ſelon ſou caractere. Les mauvaiſes Fées ou les partiſanes de Nabote faiſoient auſſi les empreſſées, & la politique donnoit un air de ſincerité à leur fauſſe démonſtration.

Nabote elle-même au deſeſpoir de ce retour, ſe contraignoit avec un art dont elle ſeule étoit capable. Elle voulut d’abord ceder ſon pouvoir à la veritable Reine, qui d’un air grave & majeſtueux demanda pourquoi la jeune fille qu’elle avoit vûë meritoit un pareil ſupplice, & depuis quel temps on ſolemniſoit une mort cruelle par des fêtes & des jeux. Nabore s’excuſoit fort mal, & la Reine l’écoutoit impatiemment, quand l’amant de Deſirs prenant la parole : On punit cette Princeſſe, dit il, parce qu’el-