Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/65

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Mais la Fée ne ſe trouva pas une vengeance aſſez pleine, il faloit qu’elle eût en ſon pouvoir le Prince, & qu’elle le punît auſſi. Dés qu’elle eut quitté la malheureuſe Perſinette, elle remonta à la Tour, & ſe mettant à chanter du ton dont chantoit Perſinette, le Prince trompé par cette voix & qui revenoit pour la voir, luy redemanda ſes cheveux pour monter comme il avoit accoûtumé ; la perfide Fée les avoit exprés coupez à la belle Perſinette, & les luy tendant le pauvre Prince parut à la fenêtre, où il eut bien moins d’étonnement que de douleur de ne trouver pas ſa maîtreſſe. Il la chercha des yeux ; mais la Fée le regardant avec colere : Temeraire, luy dit-elle, vôtre crime eſt infini, la punition en ſera terrible. Mais luy ſans écouter des menaces qui ne regardoient que luy ſeul : Où eſt Perſinette, luy répondit-il ? Elle n’eſt plus pour vous, répliqua-t-elle. Lors le Prince plus agité des fureurs de ſa douleur, que contraint par la puiſſance de l’art de la Fée, ſe précipita du haut de la Tour en bas. Il devoit mille fois ſe briſer tout le corps ; il tomba ſans ſe faire autre mal que celuy de perdre la vûë.