30 LE SALON DE LADY BETTY. rapide, mais écrasante pour écrire (1) Enfin, quand le manuscrit sera complet, vous le recevrez. Je voudrais bien que vous fissiez faire une gravure pour Sally Sadlins, la servante anglaise, le tout à votre volonté ; car les petites douceurs de ce monde, je les attends dans l’autre 19 juillet 1835. 11* “En arrivant de Grenoble où m’avaient appelée les intérêts de mon fils, dont je voulais révoir l’école et les maîtres, je trouve une lettre de vous, une autre de M. Henry Berthoud qui me dit ne pouvoir obtenir une des sept nouvelles qui sont entre vos mains, et que je l’avais autorisé à vous demander si vous consentiez à la laisser imprimer au Musée des familles. Vous me dites précisément que vous renoncerez au Conscrit de 1812 ou Conscrit de Vire, quand même vous imprimeriez des autres ; qui donc alors vous retient d’envoyer cette nouvelle à M. Berthoud, puisque vous avez la conviction que ce serait (1) Ce que nous venons de lire nous donne à penser que c’est en mars 1835qu’il faut placer une très jolie lettre inédite et non datée que Marceline adressa à son ami le sculpteur. Théophile Bra (Collection H. de Favreuil). Il y est question de sa fatigue et d’un ouvrage en deux volumes qu’elle a promis à un éditeur généreux en 1839 Marceline était brouillée avec son correspondant. Mais voici la lettre : “A monsieur Théophile Bra, à Paris. Vois comme je suis, mon bon Théophile:n’avoir pas même trouvé le quart d’heure de répondre à ta bienveillante gronderie ! et tu crois possible que j’échappe à cette strangulation de mes innocents bourreaux ! J’ai bien peur qu’il n’en soit ainsi de longtemps. Il y a des choses que l’on ne fait entendre à personne. Mille obligations imperceptibles vous amènent au sacrifice dont tu me plains. Je te défie toi, d’être seul un quart d’heure, si tu n’as l’énergie des verrous. Chez moi, on entre tout droit. Je resterai paysanne toute ma vie; et n’ai, d’autre part, quand je veux m’isoler, que celui de m’enfuir au village. Après cela, écoute bien:j’ai contracté avec un libraire la dette qui me force à la restitution de deux volumes attendus, demandés, réclamés haut surtout par ma conscience, bien plus rigide qu’un libraire. C’est la première fois que j’écris ainsi sous le couteau d’une obligation ; et, ne pouvant travailler le jour au bruit de la sonnette, je me sauve dans la nuit, jusqu’à trois ou quatre.. heures du matin. Comme je suis faible et fiévreuse, je me tue et je ne ferai qu’un bien mauvais livre ; mais enfin je le ferai par la raison sacrée, fût-elle mortelle, que je le dois. Après cela, je respirerai et je pourrai choisir mon travail ou m’en laisser choisir par toi, chère lumière; mais il n’est pas question que tu me prives jusque-là de tes bonnes apparitions. Tu sais qu’au milieu des épiciers, comme tu dis, ou au pied des chefs-d’œuvre de Dieu, je suis ta véritable et bonne sion Marceline Valmore. “Mon mari ira te voir ; mais il est aussi bien forçat dans sa nulle profes- 11.
Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2.pdf/40
Apparence