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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2.pdf/77

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SCÈNES INTIMÈS 67 la voix divine de Mme Branchu qui, disait-il, n’eut jamais de rivale au monde pour son égalité parfaite dans ses trois octaves, son élégante flexibilité, sa tristesse pleine de larmes et sa brûlante énergie „,. Les succès de Domenica lui valent de brillants engagements ; l’argent revient évidemment au vieux Piramonti. Cependant la vie si active qu’elle mène l’épuise, et sa santé s’altère. Un vieux seigneur romain l’accable de prévenances ; mais elle ne s’en soucie pas le moindrement et ne recherche que la compagnie de sa vieille nourrice allemande ; cette dernière a un frère invalide à qui elle ne cesse d’envoyer de l’argent comme Marceline ! Domenica a pour partenaire habituel le ténor Cataneo vers qui peu à peu elle se sent attirée. Mais le ténor est beaucoup plus âgé que la chanteuse, et il n’a pas l’air de s’intéresser à elle. Un jour Piramonti rentre das un état d’excitation indescriptible il a joué et perdu tout ce qu’il possède, et il demande à la jeune fille de le sauver en acceptant l’amour du vieux prince qui la courtise. Horrifiée par une telle proposition, Domenica s’évanouit. Le lendemain soir, elle accourt au théâtre ; elle fait part au ténor des propositions de son père adoptif, et, comme Cataneo veut la prendre sous sa protection et partir avec elle, elle accepte tout naturellement de l’épouser. Au mot de mariage, Cataneo blémit : il a compris que Piramonti n’a pas informé la jeune fille qu’il est marié : sa femme, une chanteuse, l’a d’ailleurs abandonné. A. cette nouvelle, Domenica devient folle. On la ramène chez elle, et un prêtre vient la confesser, car on craint qu’elle ne meure. Comme Piramonti avait été arrêté pour dettes, Domenica vend tout ce qu’elle possède pour le sauver, puis elle se rend mystérieusement à l’église St Pierre, accompagnée de sa nourrice et du vieux prêtre qui l’a confessée. Le prêtre lui ménage une entrevue avec le Pape, et celui-ci lui remet, sur sa prière, un parchemin qui l’autorise à entrer au Carmel, elle et sa nourrice… “ Une douleur pure, conclut Marceline, est trempée de grâce et d’espérance. Se venger par l’infidélité, c’est plus que tuer le souvenir d’un ingrat, c’est se trahir soi-même ! „,.