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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2.pdf/92

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82 CONTES ET SCÈNES DE LA VIE DE FAMILLE Cet avant-propos d’Hippolyte Valmore est suivi de l’Avertissement que voici et qui est de Marceline : “ Aux mères, “Dans le tumulte de vos devoirs et de vos peines, lasses des bruits ou des orages du monde, mères ! n’avez-vous jamais, en rangeant vos armoires, retrouvé tout à coup quelques-uns des jouets de votre enfance ? Ne vous êtes-vous pas laissé prendre à regarder longtemps avec un sourire presque tendre, ces bergères de porcelaine ou de Nuremberg, dont les couronnes durent encore ; les moutons en bois sculptés, sentant la résine ; les anges de cire aux ailes de carton et de gaze, sur lesquelles l’imagination du jeune âge va si vite et si haut ? “Moi, j’ai un tiroir où je retiens sous clef les chères visions des premiers beaux jours de ma vie. Parfois, quand je demande au sort une caresse qui ne vient pas, je vais revoir ces rêves ingénus et lustrés dont les couleurs brillantes tiennent bon contre le temps. J’aime toujours les poupées sans rides dont nos jeunes cœurs étaient charmés, que nous appelions nos filles, et qui n’ont pas la moindre trace de raillerie ni d’irritation sur la figure. C’est encore là tout ce que je leur demande pour les chérir du meilleur de mon âme. En effet, leur indulgence impassible, leur silence bienveillant me rappellent notre jadis comme le ferait un entretien à voix basse. Ce sont de chastes chroniques, qui redisent souvent des vérités utiles ; qui suspendent ne fût-ce qu’une heure le présent quelquefois si pénible ; qui rapprennent des joies vives, des fautes même, dont le regret n’est pas sans fruit pour la raison plus mûre. “Ces innocentes compagnes de l’enfance m’ont aidée souvent à mieux comprendre mes enfants, et sont demeurées pleines de conseils pour moi, mères ! et je partage leurs conseils avec vous ! 13°