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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/106

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de Montespan eût voulu, elle auroit encore longtemps gouverné ce prince.

Cette conversation de madame de Maintenon avec le Roi fut suivie de plusieurs autres ; mais le mariage de Monseigneur fit trouver à madame de Maintenon, dans la maison de madame la Dauphine, une porte honorable pour se soustraire à la tyrannie de madame de Montespan.

Cependant, avant de quitter le chapitre des choses qui la regardent, la vérité m’oblige de convenir, d’après madame de Maintenon, que si madame de Montespan avoit des défauts[1], elle avoit aussi de grandes qualités. Sensible à la bonne gloire, elle laissoit à madame de Thianges, sa sœur, le soin de se prévaloir des avantages de la naissance, et se moquoit souvent de son entêtement sur ce chapitre.

Mais puisque je parle de madame de Thianges, je dirai un mot des trois sœurs.

Madame de Montespan, disoit M. l’abbé Testu[2], parle comme une personne qui lit ; madame de Thianges comme une personne qui rêve ; et madame de Fonte-

  1. Entre autres défauts que madame de Caylus passe sous silence, il faut noter celui de s’adonner sans mesure à la boisson.
  2. * Jacques Testu, de l’Académie françoise, aumônier et prédicateur du roi (mort en 1706). — Il est fréquemment question de cet abbé dans les Lettres de madame de Sévigné. Littérateur assez médiocre, il dut sa renommée passagère à son tact et à son amabilité beaucoup plus qu’à ses ouvrages. Les quelques volumes de poésies qu’ils a laissés sont à peine au-dessus du médiocre. (on trouvera, ci-après, p. 83, son portrait. )