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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/130

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dans cette société. Je ne l’ai vu qu’au retour de son ambassade d’Angleterre, après laquelle il trouva madame de Maintenon au plus haut point de sa faveur ; et comme il vit un jour le Roi et toute la cour empressés autour d’elle, il ne put s’empêcher de dire tout haut : Avois-je grand tort ? Mais, piqué de ne la pouvoir aborder, il dit aussi un autre jour, sur le rire immodéré et le bruit que faisoient les dames qui étoient avec elle : Commet une personne d’autant d’esprit et de goût peut-elle s’accommoder du rire et de la bavarderie d’une récréation de couvent, telle que me paroît la conversation de ces dames ? Ce discours, rapporté à madame de Maintenon, ne lui déplut pas : elle en sentit la vérité.

Le cardinal d’Estrées n’étoit pas moins amoureux dans ce temps dont je parle ; et il a fait pour madame de Maintenon beaucoup de choses galantes, qui, sans toucher son cœur, plaisoient à son esprit.

M. de Guilleragues, par la constance de son amour, son esprit et ses chansons, doit aussi trouver place dans le catalogue des adorateurs de madame de Maintenon : enfin, je n’ai rien vu, ni rien entendu dire de l’hôtel de Richelieu, qui ne donnât également une haute opinion de sa vertu et de ses agrémens.

Mademoiselle de Pons, depuis madame d’Heudicourt[1], et mademoiselle d’Aumale, depuis madame la maréchale de Schomberg, avoient aussi leurs

  1. Saint-Simon l’appelle « le mauvais ange de madame de Maintenon. »