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Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/22

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Beaumelle, cette œuvre fut une révélation. On lut avec une avide curiosité ce récit vrai et spirituel d’un témoin oculaire qui racontait tout ce qu’il avait vu avec autant de charme que de sincérité. Depuis, des documents bien autrement étendus sont venus éclairer la même époque d’un jour tout nouveau, et l’importance historique des Souvenirs de madame de Caylus s’est trouvée quelque peu amoindrie. Mais, même placés a côté des Mémoires de Saint-Simon et des Historiettes de Tallemant des Réaux, ils gardent cet attrait piquant et ce charme particulier qui distinguent la conversation d’une femme de cour qui est en même temps une femme d’esprit.

Parmi les critiques modernes nul ne les a jugés avec plus de délicatesse et de tact que Sainte-Beuve, et il n’est pas possible d’en parler maintenant sans emprunter à l’éminent écrivain quelques pages de ses Causeries. « Ce petit livre des Souvenirs, dit-il, ne semble rien aujourd’hui, parce que toutes ces anecdotes ont passé depuis la circulation et qu’on les sait par cœur sans se rappeler de qui on les tient ; mais c’est madame de Caylus qui les a si bien racontées la première. Ce petit livre est du genre des Mémoires de la reine Marguerite, et des quelques pages historiques de madame de La Fayette c’est l’œuvre d’une après-dînée. Il ne s’y voit aucun effort : elle n’a pas tâchée, disait-on de madame de Caylus. Sa plume court avec abandon, avec né-